Un cycle sur les transitions ?
Le GIEC, Groupe d’Expert Intergouvernemental pour le Climat chargé « d’expertiser l’information scientifique, technique et socio-économique qui concerne le risque de changement climatique provoqué par l’homme » est en place depuis 1988. Rapport après rapport, cet organisme vient consolider les connaissances sur le changement climatique et donne aux gouvernements les clés de compréhension sur ce phénomène pour réussir à l’anticiper et, dans la mesure du possible, pouvoir solutionner certaines de ses conséquences.
La notion de transition écologique est protéiforme puisqu’elle revêt également des aspects économiques et sociaux. L’engagement de cette transition ambitionne une réduction durable de l’empreinte carbone des activités humaines via une évolution des pratiques actuelles. Elle doit être mise en oeuvre rapidement pour que le réchauffement climatique soit le plus limité possible. En effet, les derniers éléments d’étude produits par le GIEC sont alarmistes. Ils rappellent notamment que depuis 2006, les océans montent d’environ 4 millimètres par an, un rythme qui pourrait être multiplié par 100 si les émissions de gaz à effet de serre restent inchangées.
Depuis la COP21 en 2015 et les accords de Paris en découlant, les gouvernements de l’ensemble de la planète se sont mis d’accord sur un principe : la transition écologique n’est plus considérée comme une option. Le réchauffement climatique est à l’oeuvre, il est irréversible et nous avons le choix entre le laisser s’emballer ou tenter d’infléchir ce phénomène et ses conséquences à la fois directes (perte de biodiversité, sècheresse et diminution de la ressource en eau, composition atmosphérique et qualité de l’air, désertification, montée des océans et augmentation du risque de submersion marine) ou indirectes (nouvelles inégalités, mouvements de population…).
Les engagements pris à Paris en 2015, notamment l’objectif de contenir la hausse de la température mondiale sous les 2°C, marquent un tournant dans la lutte contre le réchauffement climatique. Ils portent une volonté commune de réduction des émissions de gaz à effet de serre ambitieuse s’inscrivant sur le long terme. Toutefois, 5 ans plus tard, les bilans intermédiaires révèlent que la courbe de la hausse des témpratures ne prend pas le chemin de la réduction envisagée. Le texte, qui présente une avancée notable en matière de lutte commune contre le réchauffement climatique, se heurte à l’absence de mécanisme de contrôle. Ainsi, pour l’année 2018 certains pays ont vu même leurs émissions de gaz à effet de serre augmente [1]r.
Pourtant, la transition appelle de profonds changements de nos modes de vie mais aussi de production et de consommation à toutes les échelles. Elle a ainsi des répercussions économiques et sociales majeures. Les réponses à cette transition peuvent elles-mêmes être vectrices d’inégalités nouvelles. Il est donc légitime de s’interroger sur l’acceptabilité de cette transition en tant que préalable nécessaire auprès de la population. De même que sur les moyens de la rendre intéressante et passionnante, et d’en faire une opportunité pour réduire les inégalités sociales en créant de nouvelles dynamiques et du lien social.
A l’échelle nationale, des avancées notables sont à relever, c’est le cas de la Convention Citoyenne pour le Climat. Elle a pour mandat la définition de mesures permettant d’atteindre une baisse d’au moins 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport à 1990), dans un esprit de justice sociale. Elle a permis, pour la première fois, à un panel citoyen de prendre la parole sur la question du réchauffement climatique afin d’établir des propositions transmises directement au pouvoir législatif. Le panel sélectionné a été établi dans le but d’obtenir un échantillon représentatif de la population française. Ainsi, sur un collège de 150 membres, 11 % sont issus des quartiers prioritaires. Le rapport transmis le 20 juillet 2020 s’articule autour de 5 thématiques :
- Se déplacer ;
- Consommer ;
- Se loger ;
- Produire / travailler ;
- Se nourrir.
En complément, il convient de souligner que sur le territoire des Hauts-de-France, certains phénomènes aux perturbations climatiques s’observent déjà (une augmentation des températures, des indices de précipitation supérieurs, une exposition des populations aux risques météo-sensibles plus important, une hausse du niveau de la mer , une augmentation des pics d’ozone) et devraient s’intensifier dans les prochaines années. Un article de la Voix du Nord en 2019 [2] avait d’ailleurs alerté sur la montée des eaux sur le littoral et la conséquence sur la salinisation des sols à moyen terme. Ces impacts locaux fragilisent d’ores et déjà les rapports entre habitants du territoire régional et les espaces qu’ils occupent et amplifient le risque de relégation spatiale qui pèse sur les ménages les plus modestes.
Quelle traduction et quels effets aura le réchauffement climatique sur des quartiers concentrant d’une part une densité de population élevée et d’autre part une précarité plus forte que sur le reste du territoire ? Les quartiers sont-ils préparés à ces changements et à une transition qui semble nécessaire mais dont les conséquences sociales ne sont pas mesurées ? Y a-t-il des thématiques qui, dès maintenant, peuvent poser question, peuvent être interrogées plus que d’autres sur les conséquences de ce réchauffement climatique ? Le logement, les mobilités, l’alimentation, mais aussi sur la zone littorale, la montée des eaux, sont autant de problématiques à inscrire dès à présent dans les projets afin que ceux-ci puissent être durables.
Objectifs des rencontres
- Donner une vision prospective du réchauffement climatique et permettre de s'y préparer au mieux ;
- Comprendre comment ces évolutions impactent la stratégie de développement des quartiers politique de la ville, notamment les nouveaux programmes de rénovation urbaine ;
- Donner des outils pour faire des quartiers prioritaires des territoires d’expérimentation ;
- Faire des transitions un enjeu fort de la transformation sociale et urbaine des quartiers ;
- Impliquer les habitants dans les processus des transitions.
Capitalisation
La capitalisation du cycle, avec des références bibliographiques, extraits vidéos et fiches expériences est alimentée régulièrement. Vous retrouverez ci-dessous les rencontres capitalisées, avec les synthèses et via des webdocumentaires Des quartiers en transition [3].