La communauté de la Politique de la ville a été rattrapée par les faits d'actualités des derniers jours. Les violences urbaines en région et à l’échelle nationale font inévitablement penser aux émeutes de 2005 et sont aussi soudaines que violentes. Ces phénomènes vont alimenter, à n’en pas douter, les débats sur les quartiers populaires et les réponses à leurs habitants dans les prochaines semaines, dans un contexte de renouvellement des contrats de ville.
L’actualité de la Politique de la ville s’en trouve bousculée, certes, mais nous sommes également tous et toutes, acteurs de la politique de la ville et habitants des quartiers prioritaires, profondément touchés.
Les services publics ont été atteints, les structures de proximité ont été ciblées. Comment appréhender la suite ?
Alors qu’un Comité Interministériel des Vills (CIV) devait être programmé vendredi 30 juin à Chanteloup les vignes, celui-ci a été relocalisé à Matignon et ses discussions ont été concentrées sur les événements en cours. (Article Localtis). Les mesures du CIV ont été repoussées pour permettre un apaisement de la situation avant l’annonce de prochaines mesures gouvernementales. Nous pouvons imaginer un enrichissement prochain des mesures prévues, même si celles-ci n’ont pas été dévoilées.
De la ressource pour comprendre
La période qui arrive va nous permettre de comprendre ce qui a pu créer les conditions de cet embrasement.
En complément d'une veille sur le sujet accessible à toutes et tous et menée de façon collaborative et continue par l'ensemble des Centres de ressources de la Politique de la ville L'actualité de la politique de la Ville en direct, l'IREV vous propose de revenir sur quelques ouvrages clés, permettant de mieux cerner les enjeux éducatifs, sociaux, de ségrégation urbaine qui se posent à l’échelle nationale et dans les quartiers prioritaires.
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Refaire la cité
Opérant un retour sur l’évolution des quartiers populaires depuis 30 ans, les auteurs de cet ouvrage plaident pour une nouvelle approche de ces quartiers, qui ne se limite pas aux difficultés sociales et/ou à une réponse sécuritaire. En effet, bien que les populations de ces quartiers souffrent d’un cumul de difficultés d’ordre social (pauvreté, difficultés d’accès à l’emploi ou à la réussite en matière éducative, discriminations par exemple), l’explication ne peut se limiter à cette vision et doit ainsi inclure une dimension politique qui permette d’appréhender la double tension entre expérience du mépris et demande de respect, sentiment d’injustice et désir de reconnaissance. Les auteurs préconisent dès lors de développer une nouvelle approche politique visant à réintégrer les habitants de ces quartiers dans l’espace politique et la communauté civique et s’appuyer pour cela sur les habitants eux-mêmes en multipliant les expériences d’empowerment et en refondant les rapports entre l’Etat et la société civile.
Michel KOKOREFF, Didier LAPEYRONNIE (2013)
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La France des cités
Après avoir été une solution dans les années 1950-1960 à l'engorgement des centres ville, à l'insalubrité des logements et à l'exode rural, les cités sont aujourd'hui devenues un symbole de relégation sociale, de concentration des minorités ethniques et des révoltes urbaines. Jacques Donzelot s'intéresse ici aux causes de ce changement, et s'interroge sur les réussites, les échecs, les effets attendus ou inattendus des politiques de rénovation urbaine en se basant sur l'analyse de quelques banlieues de toute la France. En analysant les enjeux des politiques de la ville menées depuis les années 1980, l'auteur met en lumière la nécessité de passer d'une "citoyenneté sociale" à une "citoyenneté urbaine", où les politiques publiques reconnaissent le "pouvoir d'agir" des habitants et tiennent compte de la diversité des identités collectives et individuelles, culturelles et religieuses. Pour sortir les cités de cette relégation, les pouvoirs publics doivent ainsi accompagner l'empowerment des habitants.
Jacques DONZELOT (2013)
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A quoi sert la rénovation urbaine ?
Cet ouvrage collectif publié à l’aube du PNRU 2 (programme national de rénovation urbaine 2), s’attache à analyser les réussites et les échecs de cette politique au regard de la question de la mixité sociale, considérée comme enjeu majeur et condition indispensable à la résolution des maux des banlieues, à savoir le chômage, l’insécurité, l’échec scolaire. La première partie retrace l’histoire et l’approche de la rénovation urbaine et des grands ensembles dans les années 70 et 80 ; de la question immobilière à la question sociale et la paupérisation des publics. Les modalités de mise en œuvre de la politique de rénovation urbaine, à partir des années 2000, sont abordées dans un second temps à travers les succès et les échecs de l’agence nationale de rénovation urbaine (Anru). La dernière partie est consacrée aux effets de la rénovation urbaine sur les lieux et les gens avec un chapitre traitant de la question de la fin des grands ensembles, d’une nouvelle configuration de l’habitat et des nouveaux arrivants.
Jacques DONZELOT (2012)
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Des capuches et des hommes
À travers des entretiens avec trois « jeunes de banlieue », Radouane, Tarik et Eliott, Fabien Truong esquisse le portrait d’une jeunesse aux trajectoires ambivalentes. Le rapport aux pères, la vie dans le quartier, les études, les tentations du vol ou du deal, la relation aux filles, les rêves de famille et de pavillon loin des barres d’immeubles, la religion – improbable alliée de la République – vers laquelle on se tourne quand on sort de la délinquance, sont autant de nœuds dont les entrelacements déterminent ce que devenir un homme dans la banlieue française veut dire. Alors que les émeutes et les faits divers embrasant les quartiers de relégation urbaine contribuent à confiner ces espaces dans la périphérie physique et mentale des villes, les polémiques qui s’ensuivent ne font que masquer la pauvreté du discours sur le problème de la délinquance juvénile, car, si l’on excepte les postures du mépris et du déni qui consistent à dire que ces jeunes sont soit partout soit nulle part, que reste-t-il dans le débat public ? Ce livre est une enquête ethnographique, écrit à rebours d’une pensée ambiante qui ne se conjugue qu’au présent, d’une société qui interdit toute prise de parole effective de ces jeunes hommes encapuchés, et du fatalisme et du pessimisme de rigueur.
Fabien TRUONG (2013)
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En finir avec les banlieues ? Le désenchantement de la politique de la ville
En France on parle sans cesse d'échec de la politique de la ville, comme s'il fallait éradiquer les banlieues. Aussi, ce livre, dans une perspective historique et comparative avec d'autres pays européennes (Angleterre, Allemagne, Pays-Bas), essaie de faire évoluer un débat bloqué depuis trop longtemps. Cet ouvrage collectif se propose d'éclairer l'épuisement du mythe de l'égalité "républicaine", lequel paraît de moins en moins apte à remplir son rôle de mythe mobilisateur dans la politique de la ville. Prolongeant une série de séminaires de l'Ihedate organisés de 2012 à 2014 à Saint-Denis, Bondy et Paris, les contributions rassemblées ici émanent de chercheurs mobilisant les savoirs de plusieurs disciplines (histoire, géographie, sociologie, science politique, aménagement). A travers une double incursion dans le temps et dans l'espace, ces textes donnent à voir les espoirs qu'a fait naître la politique de la ville et les déceptions qu'elle a occasionnées.
Thomas KIRSZBAUM (2015)
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La participation, laboratoire de la politique de la politique de la ville
La participation : une injonction permanente depuis les premiers jours de la politique de la ville, et même antérieure à elle, dans les relations entre société civile et gouvernance ! Aujourd’hui pourtant, l’enjeu est d’une nature et d’une intensité nouvelles. La participation est clairement réaffirmée dans la loi comme condition de réussite et d’efficacité de la politique de la ville, avec, et c’est une nouveauté, l’apparition de mesures concrètes : des conseils citoyens dans les quartiers et des habitants dans les instances de pilotage. Pour autant, les conditions de la participation sont-elles aujourd’hui réunies et les acteurs sont-ils prêts ? Ce changement de paradigme est-il à la portée de la politique de la ville ? Cette publication, nourrie des interventions de chercheurs présentés au cours de la rencontre régionale du 25 novembre 2014 interroge la place de la participation au sein de la Politique de la ville.
Collectif (2014)
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Ces quartiers dont on préfère ne plus parler : les métamorphoses de la politique de la ville (1977-2018)
L’histoire de la politique de la ville est marquée par la succession de périodes de relative stabilité, ponctuées de rares et courtes périodes de changements radicaux. Une approche généalogique permet de mettre en lumière les ruptures survenues à trois moments charnières : la mise en place de la Commission nationale pour le développement social des quartiers en octobre 1981, la création d’un ministère de la Ville en décembre 1990 et l’adoption de la loi d’orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine du 1er août 2003 (dite loi Borloo). Ces tournants conduisent à distinguer trois grandes périodes qui correspondent chacune à une lecture particulière du « problème des banlieues » (et des solutions à lui apporter), résumée dans les trois figures du quartier, de la ville et de la zone. Depuis quelques années, les débats sur la politique de la ville portent sur la légitimité de son existence même, qu’on remette en cause son utilité ou la pertinence d’un traitement privilégié de ces espaces par rapport à d’autres. Après être revenu sur ces critiques dont les fondements s'avèrent, au mieux, fragiles, on s’interrogera sur l’invisibilisation en cours de la politique de la ville. (résumé auteurs)
Renaud EPSTEIN, Thomas KIRSZBAUM ()
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Bâillonner les quartiers : comment le pouvoir réprime les mobilisations populaires
Julien Talpin, sociologue engagé pour l'empowerment des habitants des quartiers populaires, explore dans cet ouvrage les raisons pour lesquelles les quartiers qui connaissent de fortes difficultés socio-économiques peinent à se mobiliser pour leurs intérêts. Si les mobilisations citoyennes ne prennent pas, c'est selon lui le résultat de tactiques dites répressives mises en place par les pouvoirs publics. Ainsi, il dénonce la répression policière et judiciaire, le "chantage clientélaire aux subventions", la disqualification islamophobe des opposants et les projets de démocratie participative.
Julien TALPIN (2020)
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Lutter contre les discriminations ethno--raciales : quelle approche territoriale ?
La question des discriminations occupe jusqu’à présent une place résiduelle dans les réflexions théoriques et opérationnelles, notamment françaises, sur la « ville inclusive ». S’il ne fait pas de doute que la ville ne saurait être inclusive tant que persistent des discriminations, encore faut-il que leur spécificité soit reconnue et que les acteurs urbains soient équipés pour agir contre elles. La première de ces deux « conditions de félicité » de la ville inclusive est loin d’être remplie. La lecture des problèmes de la ville en termes de discriminations, notamment ethno-raciales , peine à s’imposer dans le champ des politiques publiques, face à la concurrence de lectures sociale et urbaine respectivement formulées en termes d’exclusion et de ségrégation. Non sans lien avec le défaut de reconnaissance du problème des discriminations ethno-raciales, la seconde condition bute sur le caractère inachevé de l’institutionnalisation d’une action territoriale en faveur de la non-discrimination. (résumé éditeur)
Thomas KIRSZBAUM (2018)
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On est bien arrivés : un tour de France des grands ensembles
Une histoire des cités HLM françaises, depuis la première construite en 1936, à travers leurs représentations sur des cartes postales. L'évolution des grands ensembles est ainsi exposée et montre la diversité du bâti, l'empreinte du paysage et un aperçu de la vie quotidienne de ces habitants grâce aux versos reproduits des cartes postales.
Renaud EPSTEIN (2022)
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Géographie prioritaire : faut-il en finir avec la politique de la ville ?
Depuis l'enterrement du rapport Borloo par Emmanuel Macron en 2018, la politique de la ville est au point mort. Alors que les nouveaux contrats de ville sont en discussion en ce début d'année, quelles perspectives pour les politiques à destination des quartiers populaires ?
HAMADI, Nora, Renaud EPSTEIN (2023)
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n° 12 - avril 2022 - Discriminations territoriales
Qu’est-ce qu’une discrimination territoriale ? Est-ce l’accumulation d’inégalités sur un quartier ? Une discrimination à l’adresse ? Du racisme territorialisé ? De la stigmatisation et de la péjoration à l’égard d’habitantes et d’habitants d’un espace précis dans la ville ? Tout cela à la fois ? À travers des réflexions géographiques, politiques et sociologiques, ce numéro des Cahiers de la Lutte Contre les Discriminations tente de décrypter cette notion et de lui redonner une actualité dans un contexte de confinements successifs et d’inégalités accrues.
Arnaud ALESSANDRIN, Johanna DAGORN (avril 2022)
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Publié le 28/10/2024
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Manon Garrouste et Miren Lafourcade professeurs et chercheuses mettent en avant dans cette étude commandée et menée pour le compte de l’Institut... -
Publié le 29/09/2023
Ségrégation résidentielle marquée à Lille, les autres pôles urbains du Nord plus mixtes
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Publié le 29/06/2023
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Publié le 23/10/2024
A vos claviers ! Une enquête inédite sur les acteurs de la politique de la ville en Hauts-de-France
C'est le chantier du moment pour l'équipe de l'IREV, appuyé par une équipe d'étudiants de l'université de Lille.IREV