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La labellisation Politique de la ville critère d'évitement scolaire?

Manon Garrouste et Miren Lafourcade professeurs et chercheuses mettent en avant dans cette étude commandée et menée pour le compte de l’Institut des Politiques Publiques (IPP) l'effet retors que peut avoir la labellisation Quartier Prioritaire de la Ville en terme de mixité sociale en secteur éducatif. 

La labellisation d'un quartier en géographie prioritaire a dans ses objectifs celui de lutter contre les discriminations et favoriser d'une mixité sociale et scolaire dans l'enseignement dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) ou ailleurs.

Manon Garrouste et Miren Lafourcade, professeures et chercheuses à l'université Paris-Saclay viennent de rendre compte de leur analyse sur les conséquences que peut avoir la création des QPV sur les collèges localisés dans ces secteurs.
Cette étude s'appuie sur des données chiffrées portant sur la période allant de 2010 à 2019 qui ont permis de valider cette propension à ce que certains habitants de ces quartiers évitent d'inscrire leurs enfants dans ce qui devrait être leur collège d'affectation.

Eléments clés à retenir

  • La labellisation et "l'entrée" du quartier dans le périmètre de la politique de la ville ont amené une diminuation moyenne de 3,5 points de la proportion d’élèves scolarisés dans ces collèges de secteur ; 
  • L'évitement scolaire a eu des répercussions également sur les collèges accueillants avec une propension des familles issues plus aisées à inscrire leur enfant dans le privé et les personnes de catégories sociales plus modestes se sont tournées, elles, vers des collèges publics hors de leur QPV de résidence ; 
  • Les collèges sortis  un caractère "difficilement réversible", conclut l'IPP,
  • Cet évitement concerne en très grande partie les enfants les plus âgées des familles. Ainsi, les parents d'élèves qui ont des enfants déjà scolarisés dans ces collèges "n'ont pas réagi à la réforme" et valident l'idée d'une certaine stigmatisation de ces collèges.
  • On constate une légère baisse des résultats au brevet des collèges pour la première génération de 6èmes concernée par la réforme ; 
  • Les QPV n'ont pas connu de baisse démographie et la baisse des effectifs des collèges n'est pas accompagnée d'une baisse des habitants de ces quartiers.
  • Cet évitement scolaire a concerné toutes les familles, mais les catégories socio-professionnelles plus modestes se sont davantage tournées vers les collèges publics et les catégories plus favorisées davantage vers les collèges privés.
  • À l’inverse, la sortie d’un quartier du périmètre de la politique de la ville n’implique pas de hausse de la scolarisation dans le collège de secteur. La stigmatisation territoriale créée par ces effets de labellisation apparaît donc peu réversible.

Outre le fait de se questionner sur la mise en place de politiques "zonées', Manon Garrouste et Miren Lafourcade proposent comme solution serait plutôt de personnaliser les aides en ciblant les élèves en difficulté plutôt que les quartiers de résidence.

Revue de presse

Publié le 28 octobre 2024