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L'agriculture urbaine dans les QPV : un terreau d'opportunités ?

Les projets d'innovation sociale autour de l'agriculture urbaine se multiplient en Hauts-de-France dans les quartiers prioritaires. Qu'en est-il concrètement sur le terrain ? La réponse avec l'étude de deux fermes urbaines aux modèles différents.

L'agriculture urbaine : enjeux et objectifs

En plein développement dans les quartiers prioritaires de la ville, notamment grâce à l’appel à projets “Quartiers Fertiles” financé par l’ANRU et ses partenaires (Banque des Territoires, Ademe, Secrétariat Général pour l’investissement) et dans le cadre du plan France Relance, l’agriculture urbaine foisonne en Hauts-de-France avec l’émergence de plusieurs projets de fermes urbaines ou encore de jardins partagés dans des quartiers en Politique de la ville

L’agriculture urbaine  répond à plusieurs enjeux :

  • L'enjeu environnemental : L'implantation d'installations agricoles en quartier permet de verdir des espaces publics, de garantir la végétalisation de certains secteurs, de travailler sur la qualité des sols et de lutter contre les ilots de chaleur. En bannissant les produits phytosanitaires, l'agriculture urbaine est également un vecteur de biodiversité.
  • L'enjeu social :Une ferme urbaine, ou à moindre échelle, un jardin partagé permet de bénéficier de fruits et légumes frais à moindre coûts voire gratuits. Il est également possible d'organiser par cette agriculture urbaine des otuils au service de l'insertion des personnes, de créer de nouvelles vocations autour d'activités tierces.
  • L'enjeu économique : Les modèles issus de l'économie sociale et solidaire permettent la création d'initiatives ou d'emplois non délocalisables que ce soit sur l'agriculture, les métiers de la transformation (conserverie par exemple) ou encore la vente, la médiation sociale, l'animation au développement durable, du compostage...
  • L'enjeu éducatif : Implantées en quartier, les fermes urbaines sont également des outils pédagogiques précieux pour la découverte de la nature dans des zones urbaines parfois denses.
  • L'enjeu de santé : La consommation des fruits et légumes produits peut entrainer une prise de conscience sur la qualité des produits. Elle permet de s'approprier des habitudes alimentaires recommandées par l'OMS. Elle préviens également certaines maladies liées à une sur consommation de sucres et de produits transformés.

Les modes de consommation sont ainsi réinterrogés avec une possibilité de passer à l'action, dans la proximité. L’agriculture urbaine en prônant le circuit court, la participation citoyenne ou encore l’économie sociale, solidaire et circulaire, se trouve être un outil d'avenir pour les territoires urbains vulnérables.

Quels types d'agriculture urbaine ?

De la plantation en pied d'immeuble réalisé par des habitants à la ferme professionnelle, l'agriculture urbaine revêt une grande diversité de formes. L'AFAUP, Association Française d'Agriculture Urbaine Professionnelle, a identifié 3 typologies de projets :

  • Les potagers et jardins collectifs : Il s'agit plutôt des initiatives de jardins partagés ou vergers dans l'espace public qui vont être entretenus par un groupe d'habitants ou une association. L'installation est légère et le lieu ouvert à tou.te.s.
  • Les fermes urbaines participatives : Il s'agit de fermes à vocation plutôt participatives ou sociales avec une forte interaction aux habitants/public mais une vocation économique et de production plus importante que le jardin partagé.
  • Les fermes urbaines spécialisées : Il s'agit de fermes spécialisées comme l'hydroponie ou l'aquaponie. Une spécialisation nécessitant une installation particulière.

Sur les types de fermes, elles peuvent recouvrir des formes très diverses, comme le prouve l'appel à projets Quartiers fertiles de l'ANRU qui a vu des projets innovants dans de nombreux domaines : Champignonnières dans des caves d'immeuble, ruchers, bergeries, vergers, etc.

Pour les métiers présents dans les fermes urbaines, ils sont à l'image des différents projets, multiples :

  • Activités agricoles
  • Activités sociales et pédagogiques (animation, métiers de l'insertion)
  • Gestion de site (sécurisation, médiation sociale)
  • Fournitures (Semence, outils...)
  • Ingénierie de projets (conception)
  • Autres métiers (juristes, restauration...)

Au delà de l'agriculture urbaine, les projets peuvent également prendre place dans des éco-systèmes plus larges : de la production à la consommation et en circularité. A ce niveau, les projets d'agriculture urbaine peuvent parfaitement s'intégrer aux Projets Alimentaires Territoriaux en mobilisant d'autres acteurs publics et privés : cantines scolaires, restauration collectives, marchés locaux, entrepreneurs de l'ESS...

Schéma : Eco-système autour de l'agriculture urbaine

A partir de cet apport théorique, l'IREV est allé à la rencontre de deux expériences du territoire. D'une part la ferme de Dutemple dans le Valenciennois, porté par Guillaume COLSON et son association, le CAPEP et sur le site de Fives Cail à Lille avec l'association Lilotopia et l'écosystèrme qui s'y développe autour de l'alimentation.