L’introduction de cette webconférence a été menée par Madame Emmanuelle Wargon, ministre déléguée auprès de la ministre de la Transition écologique, chargée du logement.
Ce séminaire visait à répondre à deux grandes questions :
- Comment se répartissent les différentes catégories de population sur le territoire ?
- La mixité sociale est-elle moins forte ou plus forte que dans les années 1990 ?
Qu’est-ce que la ségrégation résidentielle ?
Il s’agit du caractère inégal de la répartition spatiale de la population. Ce phénomène peut être subi (dans ce cas on parle de relégation), ou choisi (dans ce cas cela relève de l’entre-soi).
La ségrégation résidentielle désigne l’inégale répartition dans l’espace urbain de différentes catégories de population. Elle peut résulter de choix individuels, motivés par la recherche d’un entre-soi, ou de phénomènes de relégation, liés notamment aux prix des logements.
L’étude menée par France Stratégie portait sur des unités urbaines de plus de 100 000 habitants. Il a été décidé par les chercheurs de faire une analyse inter-quartiers des ségrégations résidentielles en croisant plusieurs dimensions : âge, catégorie socio-professionnelle, statut d’activité, statut d’occupation, origine migratoire, niveau de vie… L’étude s’appuie sur la base SAPHIR de l’Insee, ainsi que sur les données fiscales de l’Insee et de la DGFIP.
Principaux résultats
Parmi les résultats présentés par France Stratégie, il apparaît que les 0-18 ans, enfants de cadres, et que les 0-18 ans enfants d’immigrés sont particulièrement ségrégés.
A Paris, la ségrégation, ou l’entre-soi, des cadres et des chefs d’entreprise est plus élevée que sur le reste du territoire. Dans l’agglomération parisienne, la ségrégation des ouvriers et des employés a également augmenté. Sur le reste du territoire, elle a tendance à baisser pour les cadres et à rester stable pour les ouvriers et employés.
De façon générale sur le territoire, l’étude pointe que les « 10% des ménages les plus aisés sont répartis de manière aussi peu homogène que les 10% les plus pauvres ».
L'étude a également établi des liens entre ségrégation et origine migratoire :
- Les immigrés d’origine européenne et leurs enfants sont répartis de façon très homogène entre les quartiers des différentes unités urbaines
- Les immigrés d’origine extra-européenne et leurs enfants sont beaucoup plus inégalement répartis (cependant un peu moins inégalement en 2015 que dans les années 1990)
Les ménages avec un niveau de vie médian ne sont pas ségrégés selon l'étude.
Une meilleure répartition des logements sociaux sur le territoire
L’étude constate que les logements sociaux sont de mieux en mieux répartis sur le territoire. Une répartition plus homogène des logements sociaux qui serait due aux effets de la loi SRU (loi Solidarité et renouvellement urbain votée en 2000) et des programmes de rénovation urbaine menés par l’ANRU (l'Agence nationale pour la rénovation urbaine).
Entre 1990 et 2017, l’indice de ségrégation des logements sociaux a perdu 12 points mais il reste élevé aujourd’hui encore.
Concernant les communes très déficitaires en logement social, elles ont commencé à rattraper leur retard dans les années 2010. Pour plus d'informations, consultez notre article, sur les effets de la loi SRU vingt ans après son adoption.
Absence de lien entre meilleure répartition des logements sociaux sur le territoire et augmentation de la mixité sociale
Les conclusions de France Stratégie pointent l’absence de lien entre la meilleure répartition des logements sociaux et une répartition plus homogène des plus modestes entre quartiers. Autrement dit, la meilleure répartition des logements sociaux n’a pas d’effet sur la mixité sociale.
Ainsi, la répartition des 20% les plus modestes entre quartiers est stable entre 2012 et 2018 quelle que soit l’échelle étudiée.
Une explication générale de ce phénomène ne peut pas être fournie à ce jour mais France Stratégie invoque plusieurs pistes de réflexion :
- L’exclusion des plus modestes du parc de logements privés
- La construction de nouveaux logements sociaux dans des quartiers où il y en avait peu mais où de nombreux ménages modestes vivaient déjà
- Les logements sociaux construits dans les quartiers aisés accueillent relativement moins d’individus à revenus modestes que ceux construits dans les quartiers pauvres
- Les nouveaux logements sociaux sont attribués à des ménages qui habitent déjà le quartier ou à proximité
Globalement, il y a donc peu de circulation de population entre les quartiers. Afin de pallier ce phénomène, France Stratégie appelle à pousser la réflexion autour des attributions des logements sociaux.
A ce propos, la ministre déléguée au logement, Emmanuelle Wargon, a précisé que les questions d’attribution des logements sociaux seront abordées dans le projet de loi 4D « différenciation, décentralisation, déconcentration, décomplexification » qui doit être présenté en conseil des ministres au printemps.
Création d’une plateforme interactive pour observer les ségrégations résidentielles
France stratégie a créé une plateforme interactive afin d’observer les évolutions des ségrégations résidentielles entre 1968 et 2017. Cette plateforme a été pensée pour être utile à différents publics et notamment à destination des collectivités territoriales.
Cet outil permet de connaitre la composition sociale des 55 unités urbaines de plus de 100 000 habitants répertoriées sur le site. Elle permet également d’étudier le niveau de vie des quartiers, la ségrégation et la concentration des habitant.es au sein d’une zone, les écarts entre quartiers, entre unités urbaines etc…
Il est possible de mener des comparaisons entre quartiers, mais également entre différentes périodes pour un même quartier.
La webconférence est disponible en replay sur Youtube et sur le site de France Stratégie
Pour aller plus loin
Synthèse France Stratégie : Quelle évolution de la ségrégation résidentielle en France ?
