Dix ans après les émeutes de novembre 2005 qui ont embrasé de nombreux quartiers populaires dans des dizaines de villes françaises, il s’agit, au cours de ce colloque scientifique international, moins de revenir sur l’historique de cet événement singulier, par son ampleur et par sa durée, que d’apprécier la situation présente des quartiers populaires, de leur jeunesse et des populations immigrées qui y résident.
Des émeutes urbaines, il y en a eu bien avant (les Minguettes 1981, Vaulx-en-Velin 1990) et bien après aussi, en France et ailleurs dans le monde. Des émeutes qui éclatent souvent selon un même enchaînement, après la mort, accidentelle ou non, d’un jeune au contact des forces de l’ordre la police. Le sens de ces violences éruptives est toujours questionné, leur dimension politique discutée, en particulier en l’absence d’une parole construite des acteurs qui s’y livrent.
Aussi, notre première table ronde sera consacrée aux interprétations que les chercheurs en sciences sociales tirent de l’analyse de ces émeutes tandis que la seconde se consacrera aux comparaisons avec les situations et les analyses dans d’autres pays qui vivent régulièrement des situations similaires (Royaume Uni, Etats Unis, Brésil, Afrique du Sud).
La troisième table ronde portera sur l’enjeu de la politique de la ville. Plus de trente-cinq ans années de mise en place de cette politique publique originale ont-elles permis d’éviter la formation de ghettos ? La rénovation urbaine suffit-elle à changer la vie des habitants ? Comment surmonter la tendance au séparatisme social et la réticence à la construction de logements sociaux ?
L’immigration sera l’objet de la quatrième table ronde. L’action publique en direction des quartiers a-t-elle servi, sans formulation explicite, de politique de gestion de l’immigration ? Aujourd’hui, quels défis la question des immigrations, notamment les plus récentes, pose-t-elle à un modèle républicain sujet à bien des interrogations par ailleurs.
Enfin, un portrait de la jeunesse - ou des jeunesses - sera esquissé. Si les questions de l’emploi, de la scolarité et de l’insertion professionnelle se poseront, un accent sera porté sur les formes de mobilisation. Trente ans après la Marche des Beurs, les mobilisations que l’on observe dans ces quartiers ont-elles permis à la jeunesse de trouver sa place sur la scène publique ? Où en sont les mouvements associatifs ?
Dix ans après les émeutes, l’ambition de ce colloque est de contribuer à dresser un état des lieux des quartiers populaires pour dessiner des pistes d’avenir.