La place et l’implication des familles au sein des cités éducatives
Le travail avec les familles a été altéré par la crise sanitaire avec une plus grande difficulté à les rencontrer. Sur tous les territoires, il y a des associations, des centres sociaux, des maisons de quartier, des MJC qui déploient des actions en lien avec les parents et sur lesquels la cité éducative peut s’appuyer.
Si on reprend la très longue histoire de l’éducation nationale en partant de l’école de la IIIème République c’est la construction d’une école contre les familles, dans une mise à distance des familles. Ce passage d’extraterritorialité de l’école lors de la IIIème République n’est pas à perdre de vue dans la relation de l’école et de la famille pour ce qui qu’on vient de loin.
Jean-Marc BERTHET évoque Pierre PERIER, sociologue qui montre comment les liens entre les parents et l’école ont selon les périodes pris différentes formes jusqu’en 1960. En gros, les parents sont initialement plutôt exclus de l’école. Puis une deuxième forme (qui est en crise dans les QPV) associe les parents via les associations d’élèves. Enfin, on assiste à une troisième forme, celle de l’individualisation de la relation des parents à l’école.
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Lorsqu’on travaille sur cet axe se pose la question des collectifs de parents, comment peut-on renforcer cette place des parents. Or, concernant la co-éducation dans les QPV, les attentes de l’école ne sont pas toujours très bien explicitées. Elles sont souvent implicites ce qui renforcent parfois les malentendus entre l’école et les parents. Il s’agit de la question des codes du monde scolaire en plus du monde des codes sociaux qui s’adressent à l’intention des parents et comment on peut y travailler.
Selon Bernard LAHIRE, « Les enfants des quartiers populaires qui réussissent à l’école, ce sont des schizophrènes heureux. »
Par cette formule, il évoque des enfants qui sont tendus entre différents mondes sociaux, celui de l’école et celui de leur(s) parent(s) qui n’ont pas les mêmes codes. Par un processus de traduction puis d’acquisition ils arrivent à s’y retrouver, ce qui permet leur réussite scolaire. Ils font ce travail de synthèse qui contribue à leur réussite.
Questions partenariales, pilotage, gouvernance
Derrière la coopération, collaboration, coordination il s’agit de construire des objets de travail communs. Il y a une multitude de cultures professionnelles et derrière chaque culture professionnelle il y a des enjeux d’identité professionnelle. Chacun a son langage, son vocabulaire. Un des enjeux pour la troïka réside dans sa capacité à parler plusieurs langues. Elle sera d’autant plus opérante que le chef de file côté éducation nationale parlera mieux la langue des collectivités, que la collectivité parlera mieux la langue de l’éducation nationale et que les services de l’Etat seront dans cette même dynamique. Acquérir le vocabulaire propre à chaque institution et le partager, c’est une vraie gageure des cités éducatives et ça prend du temps.
Avant de parler de culture commune, les acteurs sont plutôt invités à tendre vers une culture en commun en se donnant dans un premier temps des objets de travail communs.