a production ou non de statistiques ethno-raciales fait l'objet de débats dans la vie publique française depuis une quinzaine d'années. Ses opposants invoquent une atteinte à l'universalisme républicain, l'essentialisation des personnes à une catégorie unique, voire des dérives dans l'usage de ces statistiques. Pour ses défenseurs, la production de statistiques ethno-raciales est efficace afin de mieux lutter contre les discriminations et les inégalités dans divers plans de la vie sociale (logement, accès à l'emploi, aux services publics, à la santé...).
Définition
- Les statistiques ethniques viennent collecter des informations précises sur le pays ou la culture d'origine d'un individu.
- Les statistiques ethno-raciales reprennent cette première démarche et y ajoutent un facteur de « race », (ici entendue dans le sens d'une construction sociale, en tant qu'assignation reçue de l'extérieur). Il s'agit de l'assignation raciale qui s'appuie sur des caractéristiques phénotypiques, comme la forme des yeux, la couleur de peau ou les cheveux, auxquels peuvent s'ajouter des critères culturels, comme la religion.
Cadre légal
Les statistiques ethniques sont autorisées en France, mais sont très encadrées juridiquement.
Le cadre général est prévu par la loi n°78-17 du 6 janvier 1978 [1], relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés. Son article 6 interdit la collecte de données dites « sensibles », notamment celles relatives à l'origine ou à l'appartenance ethno-raciale réelle ou supposée des personnes.
Des exceptions sont cependant prévues à l'article 9 du règlement RGPD (Règlement général sur la production des données) du 27 avril 2016 qui indique :
Les traitements « à des fins de recherche scientifique ou historique ou à des fins statistiques sont autorisés » (article 89 paragraphe 1).
La production de ces données est strictement encadrée, elles doivent être :
- Anonymisées et soumises au secret statistique;
- être collectées de manière « loyale et licite » à des fins déterminées et explicitées par la Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés);
- elles doivent également être « adéquates, pertinentes et non excessives au regard des finalités » (article 39 du règlement RGPD);
- les personnes sont libres de ne pas répondre ou de dire qu'elles ne savent pas.
La production de statistiques ethno-raciales est donc autorisée dans le cadre strict de la recherche. Par contre, l'introduction d'une variable de race et/ou de religion dans les fichiers administratifs est interdite.
Avant d'être autorisée, une enquête cherchant à produire des statistiques ethniques ou ethno-raciales doit faire l'objet de l'aval du Cnis (Conseil national de l'information statistique) dont le label est indispensable au lancement de l'enquête.
La production de ce type de statistiques est utile pour connaître la diversité de la population, mais aussi pour mesurer les inégalités, les discriminations et aider à la définition des politiques publiques.