Nouvel acteur de la politique de la ville institué par la loi Lamy de 2014, le conseil citoyen a pour vocation de favoriser la participation les habitants-es des quartiers prioritaires dans la construction, le suivi et l’évaluation des politiques publiques conduites dans ces quartiers. Six ans après leur lancement, et à l’aune de l’évaluation des contrats de ville prévue en 2022, les centres de ressources politique de la ville reviennent dans un texte collectif sur la création et l’évolution des conseils citoyens et analysent la teneur réelle de cette ambition de co-construction de la politique de la ville avec les habitants-es et les acteurs-ices locaux-les.

Cette analyse collégiale qui porte sur le territoire national s’interroge sur la place qu’occupent actuellement les conseils citoyens, leur rôle dans les contrats de ville, et les avancées qu’ils ont pu apporter aussi bien au niveau collectif (impact sur le quartier, les partenaires publics) qu’à l’échelle individuelle (trajectoire des personnes investies dans ces instances). Voici quelques enseignements que vous trouverez détaillés dans la publication ci-dessus.

Un démarrage rapide qui a parfois éclipsé les stratégies de fond

Cette analyse s’intéresse tout d’abord au contexte de création des conseils citoyens. La loi Lamy instaurant l’obligation de créer un conseil citoyen par quartier prioritaire, les partenaires publics ont installé rapidement cette instance. Ce temps court a provoqué une précipitation non propice à l’élaboration d’une stratégie collective sur les objectifs et les moyens à investir dans la participation citoyenne. Or le soutien des pouvoirs publics est déterminant dans les missions portées ensuite par les conseils citoyens, qui vont d’un rôle de transmission d’informations entre les habitants et les institutions, à un rôle de propositions d’actions voire de portage de projets, comme détaillés à travers plusieurs exemples dans l’analyse complète.

Une instance de démocratie de proximité en contradiction avec son format institutionnel...

Ces différents rôles sont aussi le résultat de la forme de l’instance conseil citoyen. Leur création a nécessité des prérequis à l’intention louable, mais qui ont alourdi le cadre du conseil citoyen (adressage strict des membres, parité femmes/hommes, quorum des collèges, validation de la liste par le-la Préfet-ète) et ont démobilisé de potentiels membres voire leur ont fermé les portes de cette instance. Cette analyse revient également sur l'opportunité offerte par les conseils citoyens pour renouveler la participation citoyenne et agir sur de multiples thèmes et échelles, mais elle insiste aussi sur le risque d’épuisement et de frustration pour les conseillers et les conseillères confrontés-es à l’impossibilité de se mobiliser sur autant de questions.

Les marges de manœuvre laissées par les partenaires locaux sont également différentes d’un territoire à un autre. Les conseils citoyens n’ont pas toujours de soutien, ou n’ont pas accès aux instances de pilotage du contrat de ville, et lorsque cet accès est permis, cela n’équivaut pas forcément à un réel pouvoir de codécision des habitants-es et des acteurs-ices locaux-les dans la politique de la ville.

... mais qui a su porter çà et là les contributions des habitants-es et des acteurs-ices locaux-les aux actions des contrats de ville

Et pour cause, ce partage du pouvoir est un apprentissage qui peut prendre du temps, et la publication revient sur les adaptations faites de part et d’autre (côté partenaires publics et côté conseil citoyen) au gré de cette initiation à la participation citoyenne. Cette élaboration d’une culture commune a amené de beaux résultats grâce à l’expertise d’usage des conseils citoyens qui, sur plusieurs terrains, se sont révélés être des partenaires de première importance pour les institutions. Six ans après leur création, l’engagement bénévole des habitants-es et des acteurs-ices locaux-les est à saluer, ainsi que l’investissement des acteurs publics en soutien à ces instances, car malgré la situation sanitaire et les changements de majorité municipale, des conseils citoyens ont pu se maintenir sur les quartiers prioritaires, avec les apports qu’ils ont su amener au contrat de ville, aux habitants-es, et parfois aussi aux membres eux-mêmes.

Cette contribution des centres de ressources politique de la ville conclut sur la nécessité de soutenir et d’amplifier la participation citoyenne, sous la forme du conseil citoyen et sous d’autres formes, pour faire converger autant que possible les objectifs des politiques publiques aux préoccupations des habitants-es des quartiers prioritaires.

https://www.yallerparquatrechemins.fr/ressource/des-conseils-citoyens-po... [1]

Des conseils citoyens pour quoi faire ?

Le titre de cette contribution peut surprendre : Des conseils citoyens pour quoi faire ? Ce choix reflète notre conviction que si l’utilité globale de la participation citoyenne dans son ensemble n’est plus à prouver, nous sommes en droit de nous interroger sur celle des conseils citoyens. Au-delà du rôle confié par la loi Lamy, quelle place effective ont-ils pu prendre dans un écosystème local, dans la participation à la vie du quartier et dans la co-construction de la politique de la ville ? Cette contribution s’articule autour de trois parties : • Dans la première partie, nous dressons quelques constats sur la création, lente mais non sans difficultés, des conseils citoyens, en insistant sur leur diversité selon le contexte territorial. Cette diversité, que l’on retrouve dans les modalités de fonctionnement, nous a conduit à esquisser une typologie de l’implication des conseils citoyens. • Dans une seconde partie, nous tirons quelques enseignements des six années d’existence des conseils citoyens en insistant sur la complexité de la mise en oeuvre, les conséquences sur les modalités de travail des acteurs-rices de la politique de la ville, la position du conseil citoyen en tant que partenaire du contrat de ville et l’engagement, à la fois individuel et collectif. Nous avons fait un focus sur leur rôle et les difficultés rencontrées pendant la crise sanitaire de 2020-2021. En effet, si les initiatives citoyennes ont été (à juste titre) fortement mises en avant par les médias, l’investissement au quotidien des conseillers-ères citoyens-nes est quant à lui rarement valorisé,voire occulté. • La troisième partie propose quelques pistes de réflexion sur les enjeux de la participation citoyenne qui, nous en sommes convaincus, constitue une pierre angulaire de la future politique de la ville.

Réseau national des centres de ressources pour la politique de la ville (2021)

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Actu de l'IREV [4]
Mardi 28 septembre 2021 - 11:45
Publié le 28 septembre 2021