L'IREV a eu le plaisir de contribuer à la belle dynamique initiée à Saint-Omer à l'occasion de la 45ème Rencontre nationale des agences d'urbanisme. Ce sont plus de 700 participants réunis en Pays de Saint-Omer du 9 au 11 octobre qui ont pu bénéficier de 2 plénières, 12 ateliers pour nourrir les réfléxions collectives sur le rôle primordial des agences d'urbanisme dans l'adaptation des espaces publics.
Intitulée "Espace(s) Public(s) en débat(s)", cette rencontre a permis l'organisation de 12 ateliers répartis en trois grands enjeux :
- Explorer les changements
- Débattre des changements
- Expertiser les changements
Les quartiers et leurs espaces présents dans le débat
Alors que certains quartiers populaires bénéficient d'operations de renouvellement urbain permettant de repenser leurs espaces publics, la visite immersive pilotée par l'IREV a eu le mérite d'interroger la place des enjeux de santé et plus précisément celui lié à la pratique physique voire sportive des habitants.es des quartiers populaires tout au long de la vie.
Un parcours aux allures de marche exploratoire
L'Atelier "Sport-santé et espaces publics : Un pas de deux à prendre avec des baskets" a emmené 50 professionnels urbanistes plus ou moins familiers de la politique de la ville et des enjeux inhérents en matière de santé au coeur d'un parcours urbain et quelques points stratégiques identifiés tels qu'un parc urbain, une école et ses abords situés en QPV, la réhabilitation future d'une friche industrielle côté gare...
Cette visite immersive a permis de prendre du recul et de s'intérroger sur :
- La conception de ces espaces,
- Leurs usages et degré d'appropriation,
- Leurs interdependances.
Si les enjeux propres au design actif et à d'autres concepts émergents qui renouvellent le "Droit à la ville" comme la "ville à hauteur d'enfant", la "ville du quart d'heure"...constituent le coeur de metier des urbanistes, les questions essentielles, émergentes de cet atelier et du reste de la journée étaient bien :
Quels maillages existent-ils entre nos politiques publiques ?
Comment renforcer ces efforts pour imaginer les villes de demain, des territoires plus "égalitaires" ?
Et les filles et les femmes dans tout ça ?
La balade urbaine aux allures de marche exploratoire n'a pas eu vocation à avoir une approche exhaustive des enjeux en matière de sport-santé mais elle a très certainement permis de faire un focus sur la prise en compte du genre dans les aménagements.
Plutôt que d'évoquer l'inclusion, nous avons préferé jouer la carte des mixités. Se poser collectivement au coeur des aires de jeux, des espaces de work-out, des chemins-liaisons piétonnes, des infrastructures sportives proposées...c'est identifier certains leviers fondamentaux pour limiter l'exclusion de groupes sociaux minoritaires, plus vulnérables, c'est oeuvrer pour des pratiques diversifiées pour des occupations moins cloisonnées.
La présence des filles et des femmes au coeur de ces espaces est un enjeu fort lorsque les études pointent le fait qu'elles disparaissent dès l'adolescence pour rester conformes aux rôles sociaux attribués et aux pressions sociales inhérentes.
Certains points ont retenus notre attention et ont demontré que les espaces publics à caractére ludo-sportifs ne peuvent plus être penser de manière singuliéres et exclusives :
- L'accéssibilité et les liaisons douces ou trames de mobilité
- L'éclairage, la présence de sanitaires, de mobiliers de repos, la qualité paysagère
- La diversité et la qualité des espaces proposés
- L'accompagnement aux usages et à l'appropriation
De la nécéssité d'observer et de consulter aussi celles qui sont absentes
La diversité des espaces à caractére sportifs au sein et/ou aux abords des QPV méritent une attention grandissante. Pointée comme un élément de progression par l'ONPV, la surreprésentation de plateaux sportifs dans les QPV entraine un déséquilibre. Ces espaces etudiés par les sociologues sont majoritairement appropriés par les jeunes adolescents. Ces derniers plus facilement en clin à se mobiliser pour faire valoir leur avis lors de consultations citoyennes.
Les City-stades : Espaces à bannir ?
Objets de débat, la réponse ne peut pas être tranchée au regard des précédents propos. Ils ne sont pas excluants pas essence. Aborder les espaces de manière sexuée, ce serait initier une stratégie d'aménagement reproduisant les stéreotypes sociaux. Il y aurait en théorie des espaces pour les filles et d'autres pour les garçons.
Imaginer la ville de demain, c'est peut-être au regard de ces refléxions, de croiser nos expertises, d'associer aussi celles des habitants et des habitantes, d'associer une ingénierie qualifiée pour cela et d'avoir conscience qu'un quartier se repense à l'echelle d'une ville.
Les enseignements de cette journée nous permettent de conclure en précisant que le débat des espaces publics au sein des quartiers est aujourd'hui ouvert pour repenser la place des filles et des femmes.
Les inégalités de santé et les mortalités précoces chez la population féminine au sein des QPV ne seront pas absents des Engagements "Quartiers 2030".
Les ressources de cette journée :
Regardez en replay la conférence d'ouverture "Espace(s) public(s): Entre identité culturelle,, fabrique de lieux et évolutions des formes démocratiques "