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Visite de la ferme urbaine de Concorde: zoom sur le montage de projet d'insertions en agriculture urbaine.

L’agriculture urbaine était à l’honneur à Lille du 24 au 26 mai avec les 48 heures de l’agriculture urbaine. L’occasion de revenir sur l’implantation grandissante des espaces de cultures dans les quartiers, à travers la découverte de la ferme de Concorde.

Derrière deux bâtiments des années 1970, le quartier du Faubourg de Béthune accueille 53 jardins familiaux et une ferme urbaine de 4500 mètres carrés. Initié il y a 2 ans, le projet de Quartier Fertile a déjà commencé à changer la face du quartier. Des tonnes de terres et de compost ont été amenés sur le terrain pour s’assurer d’un sol fertile et démarrer la ferme avec culture extérieure et culture en serre, le tout en bio. La ferme est aussi surplombée par une butte acoustique d’une dizaine de mètres qui réduit le bruit de périphérique lillois, et sera accompagnée d’une centrale photovoltaïque destinée à l’autoconsommation 

Le projet, porté par Lille Sud Insertion avec le concours de la ville de Lille, du département et de bio Hauts de France, amène des bénéfices autant sur l’alimentation, que l’insertion et la cohésion du quartier. La gestion économique et l’organisation restent tout de même des données importantes à prendre en compte pour la pérennité des projets en d’agriculture urbaine, données sur lesquelles l’exemple de Concorde peut nous donner quelques éclairages.  

Petite pause photo pour deux personnes en insertion auprès de la ferme

Un outil d’insertion, de médiation et d’animation

Le jardin fonctionne en chantier d’insertion. Il s’agit d’accueillir les publics les plus éloignés de l’emploi : chômage longue durée, absence de diplôme, difficultés psycho-sociale. Le contrat est alors en CDD dans un maximum de 2 ans, avec un accompagnement pour trouver un emploi à la suite.

Pour Bertrand Arnoux, maraîcher et coordinateur de la structure, le fait de réhabituer certains publics aux horaires et aux codes du monde du travail est crucial par la suite dans leur candidature. C’est même parfois un véritable travail de médiation sociale qui se cache derrière ses missions, avec l’accompagnement par exemple d’habitants en difficultés psychologiques vers un parcours de soin. La démarche porte pour l’instant ses fruits, avec une majorité des employés sortants qui trouvent un emploi, avec parfois quelques vocations pour le maraîchage créées.

Hasard des candidatures, 90% des personnes accueillies en chantiers d’insertion étaient des femmes, de 20 ans à 60 ans ce qui montre aussi l’intérêt de la diversification des chantiers d’insertions pour des objectifs d’égalité.  

Un montage financier multiple pour assurer la pérennité et la solidarité du projet

Le projet s’appuie sur un soutien solide des partenaires institutionnels :  

  • Un financement de l’ANRU dans le cadre du projet de quartier fertile, accompagné d’un prêt de la part de Lille Sud Insertion et de subventions pour initier le projet.  

  • Il est aussi doté d’un financement Programme d’Investissement Avenir car contribuant à la transition écologique et à la création d’emploi locaux.  

  • Le département prend en charge les salaires des maraîchers en insertion 

  • L’association Bio Hauts de France finance à travers son dispositif P.AN.I.E.R.S le remboursement à 50% des paniers solidaires.   

C’est cette solidité financière qui permet au jardin de s’adapter à la variabilité de la production et de la vente. Les deux premières années étaient avant tout des années de rodage, pour expérimenter et donc mieux connaître la terre et les outils. La ferme a alors dégagé 2 à 3 tonnes de production, dont les deux tiers ont été vendus à des restaurants locaux. L’expérience de la ferme lui permet désormais de viser les 5 à 6 tonnes de production, et la vente de 2 tiers de sa production aux habitants du quartier directement.

Le potager commence en effet à enraciner sa place dans le quartier. En 2024, les ventes de paniers montent en flèche et font aussi venir des habitants d’autres communes proches du quartier. Le financement de paniers solidaire permet aussi de proposer des prix en deça des prix des commerces bios traditionnels et donc davantage accessible pour les habitants, avec des paniers qui commencent à 4€50 pour 4 à 5 légumes. 

La structure aimerait aussi poursuivre ses actions de communication et d’animation pour faire de l’endroit un lieu connu de tous ainsi qu’une plateforme pédagogique en lien avec les écoles.  

Les projets en agriculture urbaine n'ont pas vocation à être rentables financièrement, leur intérêt se situe surtout dans la création de lien social et de lien avec la nature. Néanmoins, l'association souligne la possibilité d'avoir une ferme bénéficiaire: "Sur 4 à 5 ans, c'est possible. Tout dépend des techniques, de la dynamique dans le quartier, etc."

Concilier rendement et meilleur respect des sols

Les volumes de production dépendent aussi des choix techniques et agricoles. C’est pour cette raison que la ferme opte pour du micro-maraîchage intensif, un choix important pour s’adapter à la taille de la ferme. Les espaces entre les cultures et les plants sont moins larges, plusieurs plants peuvent se côtoyer pour utiliser toute la terre. L’ajout d’un compost riche, de décoctions naturelles pour chasser les insectes permet de travailler avec des méthodes biologiques et donc de s’assurer d’avoir un sol facilement cultivable. Toutes ces techniques contribuent d’ailleurs à rendre Philippe et son équipe plus proches de leurs cultures, et les incitent à innover sur leurs méthodes. 

Et pour continuer à faire profiter toujours plus d’habitants de légumes biologiques et de qualités, pourquoi ne pas agrandir la ferme ? La ferme envisage encore beaucoup d'évolution dans les prochaines années pour en faire un lieu central du quartier.

Publié le 30 mai 2024